What’s wrong, Doctor? You look like you’ve seen a ghost.

“I was 27 years old the first time I died”

Amateurs de cinéma inconfortable et de films qui sortent de l’ordinaire, voici un film pour vous. Certes, si ce long métrage de John Maybury (Love is Devil, The Edge of Love) est sorti depuis plus de dix ans, pour ma part, je trouve qu’il n’a pas pris une ride. Souvent critiquer, souvent mis de côté, The Jacket fait l’objet d’avis peu enthousiastes qui le comparent bien trop souvent à l’Effet Papillon de Eric Bress et J. Mackye Gruber, sortit un an auparavant. Grossière erreur pour ma part, puisque même si j’apprécie particulièrement ce long métrage mettant en vedette un Ashton Kutcher bien loin de ses habituelles comédies romantiques, il n’est pas, selon moi, du même acabit que The Jacket. Ce dernier relate l’histoire de Jack Starcks, un soldat souffrant d’amnésie qui se voit condamné pour un meurtre dont il n’a aucun souvenir. Sa peine : être envoyé dans un asile psychiatrique qui teste un nouveau traitement consistant à enfermer les patients (ou détenus) dans des tiroirs de morgue, ligotés dans une camisole de force, afin de recréer « le confort de l’utérus ». Bref, une mise en place bien étrange et qui annonce dès les premières minutes du film la couleur du scénario.

Au-delà d’une narration complexe mettant en relation deux périodes de la vie du protagoniste central, ce film présente un rythme juste permettant au spectateur de passer d’une émotion à une autre en très peu de temps. De la colère à la peur, de la peur à la tristesse, de la tristesse à l’incompréhension en passant par un sourire tendre, on est entraîné dans les méandres de l’esprit de Jack, si bien qu’à la fin on ignore encore ce qui était réel et ce qui tenait du rêve ou de la folie. On retrouve dans ce long-métrage un Daniel Craig, encore méconnu, qui joue un rôle fort dans l’interprétation de Rudy Mackenzie. Personnage profondément dépressif, il apporte cette touche fragile d’angoisse puis de pitié qui le démarque du reste des protagonistes secondaires. Bien que déjà connue dans le milieu du cinéma avec « Pirates des Caraïbes » ou encore «  The King Arthur », dans ce film Keira Knightley prend les traits d’un personnage plus sombre et torturé que dans ses précédentes interprétations, nous offrant une prestation émouvante, bien qu’éclipsée par le jeu marquant d’Adrian Brody. Ce dernier démontre une aptitude assez déconcertante à susciter à la fois la compassion et le malaise.

L’univers tout entier est sombre et froid, comme si nous étions nous aussi enfermé dans ce tiroir sensé mener à la guérison. Tout est fait pour que le spectateur ait l’impression de se retrouver dans l’esprit de Jack, ce qui nous laisse des frissons dans le dos et une réflexion quant à la fin ouverte que nous propose John Maybury. Bien que loin de la complexité de Mulhollande Drive de David Lynch, The Jacket se démarque dans sa construction et son ambiance, nourries par un jeu d’acteur remarquable, bien que non impeccable, et des répliques souvent placées avec justesse. Un film que je recommande donc et que je ne me lasse pas de revoir, ne serait-ce que pour redécouvrir certains détails souvent laissés de côté lors du premier visionnage. A voir…

“When you’re dead, the one thing you want is to come back”

the-jacket

Ponyo L.

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